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Les automobilistes mécontents

C’est fait, la hausse des prix des carburants est effective depuis le 1er janvier 2016, selon les dispositions de la loi de finances 2016, publiées dans le JO dimanche, 3 janvier. Le gasoil est passé de 13,70 DA à 18,76 DA (+5,06 DA), le super à 31,42 DA contre 23 DA (+8,42 DA) et le super sans plomb à 31,02 DA contre 22,60 DA (+8,42), avec un alignement de la hausse de l’essence super avec le sans plomb.

C’est un (nouveau) coup dur qui est porté aux portefeuilles des ménages algériens. Si pour le gouvernement ces ajustements des prix des carburants doivent «rationaliser la consommation des énergies, sans toucher au budget d’investissement», ces augmentations provoquent la colère des automobilistes qui y voient une atteinte à leur pouvoir d’achat.

Du coup, pour amortir cette hausse des prix, certains se voient obligés d’adapter leurs comportements. C’est le cas de Farid : «Désormais, tous mes déplacements seront mieux étudiés». Même s’il salue ces réajustements, ce père de quatre enfants, employé à Sonelgaz, n’écarte pas que, comme lui, «beaucoup d’automobilistes seront obligés de recourir à d’autres moyens de transport pour leurs différents déplacements».

Cela, même si son ami Lyes (qui ne dispose pas de véhicule) ne partage pas cet avis. «Les Algériens vont certes mal encaisser ces augmentations au début, mais ils finiront par s’y habituer», estime-t-il. Cependant, pour un inconditionnel des quatre roues comme Noureddine,  cette hausse des carburants «est un coup dur pour un fonctionnaire qui utilise sa voiture tous les jours pour aller au travail, en plus des autres charges qui connaissent également des augmentations».

Ce fonctionnaire dans une banque dit constater qu’il «est passé de 950 da (le plein) à 1150 da, soit une dépense supplémentaire de près de 20%. Ce qui représente prés de 5000 Da/mois». De ce fait, «il est impossible, selon lui, de faire des économies dans des villes encombrées comme les nôtres. Rouler au ralenti et les démarrages répétés brûlent davantage de carburant», regrette-t-il. Du coup, à ses yeux, «cette augmentation est une autre saignée que doit endosser le citoyen au lieu  de participer à lutter contre la contrebande. Rachid, rencontré dans une station d’essence à Alger, n’en pense pas moins.

«Bien sûr que l’augmentation entrée en vigueur début janvier aura des conséquences sur le pouvoir d’achat des ménages», dit-il d’un air sûr. «La voiture est devenue un moyen important et incontournable pour les familles. Aucun automobiliste ne peut se permettre le luxe de s’en séparer pour ses déplacements ou ses courses», estime-t-il. Il reste que ce réajustement va entraîner des hausses en cascade : «Il faut s’attendre à d’autres hausses, celles des prix des véhicules, les pièces de rechange, les services, le transport», dit Messaoud, un agent des impôts à Rouiba. Ce que n’écarte pas de son côté Rachid : «L’augmentation sera répercutée sur les autres produits de consommation.

Nous aurons de plus en plus de difficultés pour joindre les deux bouts», présage-t-il avant d’ironiser : «Il y aura peut-être moins de bouchons sur nos routes, et donc moins de pollution». Pour Samir, «la voiture est déjà une calamité quotidienne». Cela, même si pour lui «les répercussions de ces augmentations sont minimes». «Je n’ai pas de grosses consommations de carburant, mais cela va certainement induire d’autres hausses en cascade, telles les services après-vente, les révisions et le prix des pièces détachées», dit-il. Il reste que si les prix des véhicules (neufs et d’occasion) ont déjà connu de fortes hausses, il n’est pas à écarter que suite aux augmentations des carburants et des taxes automobiles, les prix vont encore flamber.